Peut-on peut retenir que l’eau est tellement abondante dans le Pays de Fayence, que près de la moitié est cédée aux villes du littoral ?
Voyons cela.

La ressource majeure provient de Siagnole, et des forages complémentaires sécurisent notre approvisionnement.
Cette eau est d’excellente qualité, et ne nécessite que très peu de traitement préalable avant distribution.

  1. La ressource : (nombreuses informations provenant du blog de P. Ratclife)

Jusqu’en 2006 la ressource était constituée par les seules sources de la Siagnole, gérée jusqu’au 31 octobre 2020  par la société d’économie mixte E2S (chargée par le département d’alimenter par gravité (donc sans frais de pompage) les 7 communes du pays de Fayence situées en aval ainsi que d’exporter une partie de la ressource pour alimenter en eau les Adrets, et le SEVE (Syndicat des Eaux du Var Est)). 

C’est ainsi depuis les Romains et la construction de l’aqueduc depuis les sources jusqu’à Fréjus, alors Forum Julii, il y a plus de 2000 ans. Voir cette histoire due à Vito Valenti http://bit.ly/2XShnFw . Ces sources sont les exurgences ou résurgences  du réseau karstique sus-jacent …  très abondant issu de la montagne de Malay (http://bit.ly/2GNDBCA).

6bd2905b6930d7f0263118b63368a869
Voir la source Neissoun:

Vidéo You Tube https://youtu.be/hK3LY9utTvc

Elles sont captées par la SPL (société publique locale) d’Ouest en Est par la galerie romaine dite source Neissoun, point de départ de l’ancien aqueduc romain, qui aujourd’hui est recouvert d’une voute ; la partie  supérieure se voit au fond d’une  tranchée en un point de visite le long de la route de Callian à Mons; puis la source Jourdan captée en 1891 plus en aval vers l’Est qui alimente le canal Jourdan; et entre les deux, les sources nouvelles captées en 1918; elles complètent la source Jourdan. La commune de Mons dispose d’un captage particulier, indépendant. De ce captage elle pompe l’eau dans les réservoirs du village où elle est  potabilisée par chloration, puis servie au village et au domaine de la Gray par son réseau communal. Le domaine de la Chesnaye et Transonive plus bas, sont servis aussi par une conduite d’eau potablisée qui redescend du village  au site des sources et part de là vers ces quartiers. Voir sur ce schéma l’état des lieux http://bit.ly/2HvWVVk

Il y a donc deux canaux, que gère la SPL, qui transportent les eaux prélevées aux sources jusqu’au répartiteur du Jas Neuf situé sur la route de Mons, sur la D37 au-dessus de Callian sur la commune de Tourrettes.

P_20190425_103804_p.jpg

C’est en ce répartiteur qu’est rempli l’ensemble du réseau de transport et de distribution aux réservoirs des communes. Ce réseau se compose de 4 branches. 

==A l’arrivée du Jas Neuf, une branche Ouest par les conduites F2  vers Fayence haut (réservoir de Malueby) et Seillans, 

==et F3 vers Tourrettes, Fayence sud  (réservoir de Maracbre), Saint-Paul en Forêt et Bagnols en Forêt.  

==Une branche Est par la conduite M1 vers les réservoirs de Callian et de Montauroux. 

==Et une branche Sud vers les Esterets du lac, les Adrets de l’Esterel et les réservoirs du Gargalon  qui desservent les habitants de Saint-Raphaël et Fréjus, mais  pour une partie seulement  car ces communes ont d’autres sources plus importantes d’approvisionnement par la société du canal de Provence.

(Voir ce synoptique du réseau E2S à jour en 2018. LIEN http://bit.ly/2HwVUwc.)

Voir ici le remplissage de la conduite Sud:

P_20190425_104048_p.jpg

Quand la quantité d’eau prélevée aux sources dépasse la consommation, les niveaux d’eau dans les canaux romain et Jourdan s’élèvent, et les surverses situées au vallon Saint Pierre fonctionnent, restituant l’eau à la Siagnole.  Sur la conduite Sud, en cas de sur alimentation, il y a aussi des dispositifs de surverse à proximité du Gargalon ainsi que des cheminées d’équilibre contre les coups de bélier.

Les départs des conduites F2, F3 et M1 sont en amont de celui de la conduite  Sud. Il en résulte qu’en cas de manque d’eau – lors de sécheresse en fin d’été – , cette conduite se vide en premier.   C’est alors qu’est mis en route le pompage du   forage N°2  de la Barrière  à Montauroux, afin d’assurer l’approvisionnement des Esterets du Lac et des Adrets de l’Esterel qui n’ont que le réseau d’E2S comme source d’eau. Les réservoirs de Gargalon  prennent ce qui reste, et cela part à Fréjus – Saint Raphaël.  Il ne peut donc pas y avoir de pénurie d’eau en pays de Fayence puisque nous exportons d’importantes quantités vers le littoral à condition que l’on accepte de mettre plus tôt en marche le pompage dans les  forages et que les bénéficiaires de l’exportation acceptent de payer le surcoût. La nappe de la plaine de Fayence supporterait sans doute un nouveau forage et il serait utile de prévoir les périmètres de protection en conséquence.

Voir annexe 2 précisions sur les forages en service.

La production et la distribution d’eau s’élèvent bon an mal an à environ 9,4 millions de m3, dont 92% proviennent des sources de la Siagnole et 8% des 4 forages de la plaine (la Barrière et Tassy).  Une fois prélevées, les eaux sont « fatales » , c’est-à-dire qu’elles peuvent (doivent) être intégralement consommées.   Les faibles variations autour de ces chiffres (92%, 8%) dépendent de la pluviométrie qui affecte à la fois la ressource prélevée et la consommation, notamment pour les arrosages. En cas de sécheresse comme en 2017 les 9,4 millions provenaient à 90% des sources et à 10% des forages. Le chiffre d’affaires de la vente de cette production – intégralement consommée – est de 2,4 millions €, ce qui représente donc un prix de vente aux communes de 0,257€/m3; mais ce prix contient une redevance de 0,043€/m3 à l’agence de l’eau pour  prélèvement de la ressource et une redevance de pollution de 0,007€/m3. Le prix économique hors redevances est donc de 0,213€/m3

En annexe 1, trois tableaux présentent les productions / consommations en 2015, 2017 et 2018.

Conclusion à ce stade : les communes du Pays de Fayence sont alimentées avant tout par le réseau des eaux de la Siagnole ; il n’y aucune raison hydrogéologique de renchérir le prix de l’eau en fin de printemps ou début d’été, il faudrait simplement mettre en route le pompage des forages plus tôt. Certes, le pompage a un coût (ce qui augmenterait un peu le coût de production) ; il s’agit de quelques centimes €. D’autre part, les forages (en bas) ne peuvent desservir les habitations et les cultures sur les coteaux : seul le réseau Siagnole le peut. 

Cette eau de Siagnole est d’une qualité exceptionnelle, et ne requiert que de faibles traitements, donc peu de dépenses : on peut comprendre que le Syndicat de l’Eau de Var Est continue d’y tenir. PFAUE tâchera de s’informer davantage .

Annexe 1 : 

Production, distribution en 2016, 2017 , 2018

Tableau 2015 production distribution 9,46 millions m3

E2S2015.JPG

Tableau 2017 production distribution 9,46 millions m3

E2S2017.JPG

Tableau 2018 production distribution 9,35 millions m3

E2S2018.JPG

Annexe 2

Forages

Photo les 2 forages de la Barrière à Montauroux

P_20190425_112004_p.jpg

En cas d’insuffisance d’eau au jas Neuf pour maintenir remplie la conduite F3 (Fayence sud, St Paul et Bagnols), E2S met en route le pompage du forage de Tassy 2.

Photo les deux forages de Tassy à Tourrettes

P_20190426_124307_p.jpg

Une explication est utile concernant les deux forages à la Barrière ou Tassy. Pour forer avec succès en nappe souterraine, on commence par forer un trou d’essai (à diamètre réduit)  afin de s’assurer d’avoir l’eau en qualité et en quantité suffisante. En cas de succès, on fore ensuite à côté un trou de plus gros diamètre. On a alors deux forages productifs mais le premier est à débit plus faible. C’est ainsi que le premier forage à la Barrière est utilisé pour alimenter le réservoir de l’ancienne gare et alimenter la population du bas de Montauroux. Le deuxième forage de la Barrière est utilisé pour alimenter la conduite Sud en cas d’insuffisance d’eau au Jas Neuf pour maintenir la conduite remplie. La réserve d’eau de la nappe de la plaine s’écoule aussi naturellement vers les terrains sous-jacents et le lac de Saint-Cassien; cela veut dire que même en l’absence de pompage, la hauteur de l’eau au-dessus des crépines des pompes peut diminuer, selon les saisons.

Le forage de Tassy 1 dessert  des agriculteurs de la plaine (linéaire 1400m sur RD562), au stade de Tourrettes, et  le  golf de Terre Blanche ;  mais il est peu utilisé par le golf qui dispose d’un droit de prélèvement et de pompage sur le lac de saint Cassien  (l’eau monte au golf via le Riou Blanc sous le hameau des Villards de Callian).